La Motte-Picquet (1720-1791) Héros de la guerre d’Indépendance
Né en 1720 à Rennes, Jean Toussaint Guillaume de La Motte, dit La Motte-Picquet, est sans aucun doute l’un des plus valeureux officiers de la marine française au 18ème siècle. C’est à Brest, en 1735, qu’il commence sa carrière en entrant à l’école des Gardes de la Marine.
Toussaint de la Motte-Picquet.
Sa longue carrière se déroule sur près de cinquante ans. Il effectue 28 campagnes au cours desquelles il traverse la guerre de Succession d’Autriche (1740-1748), la guerre de Sept ans (1756-1763) et la guerre d’Indépendance (1778-1783). C’est lors de cette dernière guerre, au cours de laquelle plusieurs futurs chefs Vendéens tels que Bonchamps et Charrette font leurs armes, qu’il se couvre de gloire et devient célèbre.
Au cours de ses 28 campagnes durant lesquelles il exerce 10 commandements, il affronte à 11 reprises les anglais au prix de sept blessures. Chevalier de l’ordre de Saint-Louis en 1756, commandeur en 1780 et Grand Croix en 1784, il est en 1784 l’un des membres fondateurs de la Société des Cincinnati. Resté célibataire, il décède à Brest en 1791.
Le Port de Brest au XVIIIème siècle.
La Motte-Picquet n’a pas laissé de récit sur sa vie, hormis deux petits mémoires détaillant ses différentes campagnes. Conservés aux Archives Nationales à Paris, l’un d’eux va de 1735 à 1744 et ne compte que 2 feuillets. L’autre reprend sa carrière depuis 1735 jusqu’en 1764 et comprend 6 feuillets de son écriture serrée, très lisible. Ces documents précieux se trouvent dans son dossier personnel. On trouve aussi, toujours dans son dossier personnel, un mémoire résumant sa carrière depuis 1772 jusqu’à 1783. Ce mémoire n’est pas de sa main mais une copie d’un mémoire autographe, mémoire dont avait hérité l’un de ses petits neveux, A. de La Motte, enseigne de vaisseau. Ce dernier avait eu la bonne idée d’en donner une copie aux archives nationales en 1839. L’histoire de La Motte-Picquet restait donc à écrire, ce qui n’avait pas été fait jusqu’à présent.
Carte postale en hommage à La Motte-Picquet.
Pour reconstituer sa carrière, il faut consulter les archives et s’aider tout particulièrement des documents concernant ses campagnes successives. On y trouve en particulier sa correspondance. Il était en effet d’usage sous l’ancien régime, pour un officier exerçant un commandement, de rendre compte au ministre du déroulement de sa campagne. Ces documents sont conservés dans la série Marine B4 aux archives nationales à Paris
A travers sa correspondance, on découvre un homme passionné par son métier, soucieux de faire respecter le pavillon de son roi et, en temps de guerre, déterminé à se battre si nécessaire jusqu’à la dernière goutte de son sang. On découvre aussi son intérêt pour ses officiers pour lesquels il ne cesse de demander des promotions. Il n’oublie pas ses équipages, trop souvent négligés par le haut commandement, manquant de tout : il se bat pour qu’ils soient vêtus et payés. Tout cela le rend particulièrement attachant et il n’est pas surprenant d’apprendre qu’il était adulé de ses hommes.
La Bataille de Fort-Royal.
Ses hauts faits d’armes sont restés en mémoire, tout particulièrement son combat du 18 décembre 1779 à la Martinique dans la baie de Fort-Royal. Ce jour là, on annonce à La Motte-Picquet l’arrivée d’un convoi venu de Marseille, convoi très attendu dans la colonie car il apporte des vivres et des munitions. On annonce aussi que ce convoi est attaqué par une escadre anglaise, forte de 13 vaisseaux, commandée par l’amiral Hyde Parker. La Motte-Picquet n’hésite pas une seconde et suivant son intrépidité habituelle, lève l’ancre pour se porter seul au devant des anglais avec son vaisseau l’Annibal. Il réussit par sa fougue et ses brillantes manœuvres à stopper net l’action des anglais et, soutenu une heure plus tard par deux autres vaisseaux de son escadre, parvient à sauver la plus grande partie du convoi tant attendu. Cet exploit sera salué aux Antilles comme en France et, fait extraordinaire, La Motte-Picquet recevra même une lettre de l’amiral anglais qui lui fera part de son admiration.
En 1786, Louis XVI qui s’intéressait de très près à sa Marine et qui avait tant fait pour qu’elle retrouve son rang, décide de commander une série de tableaux afin de commémorer ces heures de gloire de la Royale. Tout naturellement cette bataille de Fort-Royal fera partie des sujets représentés. Ce tableau, peint par Auguste-Louis de Rossel est conservé de nos jours au musée de la Marine à Paris.
L’avenue La Motte-Picquet à Paris.
(entre L’École Militaire à droite et le Champ de Mars à gauche, alors encore encombré par les vestiges de l’exposition universelle).
La Motte-Picquet a donné son nom à des bâtiments de Marine et à des rues, à Rennes sa ville de naissance et à Brest, sa ville d’élection. Une avenue porte son nom à Paris, mais on s’étonne qu’il n’y ait aucun monument dédié à sa mémoire.
Buste de la Motte-Picquet, Brion 1835.
Pour retrouver ce grand homme, il faut aller au Musée de la Marine où se trouvent le tableau cité plus haut et un buste le représentant, buste sculpté en 1835 par Brion. Ce buste, quelque peu idéalisé, a le mérite de nous remettre en mémoire cet illustre marin qui avait tant fait pour la gloire de son Roi et de son pays.
Alain GAILLARD
Les Armoiries de la Motte-Picquet dans la station de métro à son nom.
« d’azur à 3 chevrons d’or accompagnés de 3 pointes de lance d’argent, posées 2 en chef et une en pointe » (ce qui constitue des armes semi-parlantes : pointe de lance = pique = Picquet).
Le neveu de La Motte-Picquet, chef chouan.