LE 21 JANVIER !
Nous sommes aujourd’hui le 21 janvier 2021. Il y a donc exactement 228 ans, le 21 janvier 1793 à 10 h 22 du matin que le roi Louis XVI était guillotiné à Paris sur la place de la Révolution. Cet endroit s’était d’abord appelé place Louis XV, puis place de la Révolution, avant de devenir notre actuelle place de la Concorde en 1795. Sur la gravure suivante on aperçoit d’ailleurs le socle de la statue déboulonnée.
L’exécution de Louis XVI (collection particulière).
Cette date, 1793, importante dans notre Histoire de France, ne marque pourtant pas la fin de la Monarchie Française. Celle-ci est survenue par étapes. Louis le XVIème du nom est devenu Roy de France et de Navarre à l’âge de 20 ans par la mort de son grand père, le feu Roy Louis XV le 10 mai 1774. Les révolutionnaires lui ont retiré ce titre une première fois le 6 novembre 1789 pour ne lui laisser que celui de roi des Français. Et à la suite de l’attaque des Tuileries pendant l’émeute du 10 Aout 1792, ils l’ont aussitôt emprisonné au Temple et déchu de son dernier titre le 20 septembre suivant. Initialement, il était pourtant venu confiant demander à l’assemblée la protection qu’elle devait constitutionnellement lui offrir comme représentant le pouvoir exécutif.
Les plus enragés voulaient à tout prix une condamnation et une exécution de l’ancien monarque pour effacer tous les vestiges de l’ancien régime. C’était oublier qu’un nouvel ordre a peu de chance de rester stable, s’il a comme élément fondateur un crime politique. La culpabilité de ce meurtre Œdipien du père a laissé des traces dans notre inconscient collectif. Il constitue une des causes de certains comportements politiques collectifs, atypiques et paradoxaux que l’on trouve au sein de notre pays.
C’est dire si le jugement n’a pas été basé sur des preuves mais sur des suppositions, voire des combines, comme celle dite de l’armoire de fer. Les historiens modernes ont d’ailleurs démontré que certaines pièces étaient de faux documents fabriqués. Louis XVI une fois élimé, les montagnards auront désormais le champ totalement libre pour installer progressivement la Terreur qui sera la base de leur mode de gouvernement.
La dernière entrevue de Louis XVI et de sa famille.
Le procès, dont le résultat était prévisible, aboutit naturellement à une condamnation à mort à la suite de votes successifs, qui s’échelonnèrent du 15 au 20 janvier 1793.
On n’accorda pas à « Louis Capet » le délai de 3 jours qu’il avait sollicité pour se préparer, on ne l’autorisa qu’à recevoir une dernière visite de sa famille.
Le 20 janvier au soir, le dîner fut servi à 19 heures. Puis Louis XVI reçut tout d’abord son confesseur avant de s’entretenir avec ses proches : la Reine Marie-Antoinette, son fils le dauphin Louis-Charles (futur Louis XVII), sa fille Madame Royale (future Duchesse d’Angoulême) et sa sœur Madame Élisabeth de France. Ceux-ci se retirèrent à 23 heures et le roi se coucha à minuit et demi.
Le lendemain matin le roi est réveillé à 5 heures par son valet de chambre Cléry. A 6 heures il assiste à la messe célébrée par son confesseur l’abbé Henri Edgeworth de Firmont et reçoit le Saint Viatique des mourants. A 8 heures, Antoine Santerre vient le chercher au Temple. Il est emmené dans la voiture à cheval du Maire de Paris Nicolas Chambon et quitte la tour du Temple à 9 heures. On se souvient que durant le trajet, Louis XVI, isolé de tout depuis des mois, demandera : « A-t-on des nouvelles de Monsieur de La Peyrouse ? » (navigateur parti en mission et jamais revenu).
Le cortège arrive sur la place à 10 heures 15 où a été construit l’échafaud, haut de 2 mètres, peint en rouge et entouré de 20 000 hommes de troupe. Et Louis XVI retire sa redingote marron, puis les aides du bourreau Henri Sanson lui coupent les cheveux, le col de la chemise puis lui lient les mains. Il donne alors son sceau portant les Grandes Armes de France à son confesseur pour le remettre à son fils, son alliance pour la donner à sa femme et son testament. Il ne conserve symboliquement que l’anneau du sacre.
Photo d’un extrait du testament de Louis XVI.
Ce testament avait été rédigé quelques temps plus tôt le 25 décembre 1792. Les phrases les plus importantes sont évidemment les suivantes :
« Je pardonne de tout mon cœur à ceux qui se sont faits mes ennemis sans que je leur en ai donné aucun sujet et je prie Dieu de leur pardonner, de même que ceux qui par un zèle malentendu m’ont fait beaucoup de mal », et
« Je recommande à mon fils, s’il avait le malheur de devenir roi, de songer qu’il se doit tout entier au bonheur de ses concitoyens, qu’il doit tout oublier, toutes les haines et tous les ressentiments ».
Mais l’ensemble du document révèle un grand chrétien qui fait montre d’une foi profonde et d’une rare élévation d’esprit. On comprend ainsi que pour être fidèle au serment de son sacre, il se soit toujours refusé à des répressions militaires contre ses sujets qui lui auraient pourtant permis de sauver sa vie et celle de sa famille. Cette âme si souvent décriée mériterait pourtant de figurer parmi celles des martyrs chrétiens.
Louis XVI s’avance alors en bord de la plate forme pour s’adresser à la foule :
« Je meurs innocent de tous les crimes qu’on m’impute. Je pardonne aux auteurs de ma mort et je prie Dieu que le sang que vous allez répandre ne retombe pas sur la France ».
Pour l’empêcher de poursuivre son ultime déclaration, on fait battre longuement les tambours qui couvrent ainsi sa voix. Peu après on entend le bruit sinistre du couperet retombant sur le socle. « Le Roy est mort,……….. ».
Le tombeau de Louis XVI à la basilique de Saint-Denis.
Le corps de Louis XVI est emmené dans une charrette de bois et inhumé au cimetière de la Madeleine. On a pris la peine de l’enterrer plus profondément que les six pieds sous terre réglementaires (qui se sont perpétrés dans l’actuel 1,80 mètre) pour éviter les profanations, de le recouvrir de chaux, et de placer la tête à ses pieds. Des signes qui permettront d’identifier le corps plus tard.
En effet, à l’époque de la Restauration, son frère le nouveau Roy Louis XVIII, a fait placer les restes royaux à la basilique de Saint-Denis nécropole des rois de France et l’année suivante, a fait réaliser sa statue agenouillée sur un prie Dieu par le sculpteur Edme Gaulle.
Messe de Requiem dite traditionnellement à la mémoire du Roy Louis XVI.
Depuis le début du XIXème siècle, il était d’usage dans certains milieux monarchistes de s’habiller en noir le jour du 21 janvier et surtout de n’organiser aucune réception mondaine ce jour là. Cette dernière tradition était respectée dans la haute société même non monarchiste, par souci de convivialité. Elle a survécu dans le fait de ne pas manger de galette des rois le 21 janvier !